À l’initiative des élus écologistes du Conseil Régional de Bretagne, une réunion sur le thème « La méthanisation : derrière les promesses d’énergie verte, quels risques et enjeux pour la Bretagne ? » a été organisée pour le grand public.
« Ce sujet sera traité dans les mois à venir. Il n’y a pas eu de débats depuis longtemps de manière transversale » explique Claire Desmares, élue écologiste. « Les invités pourront apporter leur expertise pour nous guider. » Ainsi, Régine Ferron pour Eau et Rivières de Bretagne, Jean-Marc Thomas de la Confédération Paysanne Bretagne et Dominique, membre d’un collectif de riverains ont partagé leurs connaissances.
Un rappel sur le contexte avec Jean-Marc Thomas, paysan, éleveur Bio à Rostrenen, qui revient sur le principe de fonctionnement d’un méthaniseur. « Au départ, on y mettait des déchets organiques, facile à digérer, complète Régine Ferron, mais comme les déchets verts et agroalimentaires sont insuffisants, s’y ajoutent des cultures. »
L’énergie au dépend du reste ?
Dominique, habitante de Bourg des Comptes, fait partie d’un collectif qui a engagé une procédure judiciaire pour s’opposer à la construction d’un méthaniseur. Elle revient sur les nuisances. « Chez nous, le projet est prévu sur un site accidentogène avec un collège et une usine à proximité en plus de la route départementale. Les risques d’incendies sont permanents, car la zone est hautement explosive près du méthaniseur et dans les silos, il y a un risque de surchauffe. » Pour Régine Ferron, les risques de pollutions sont certaines pollutions de l’air avec les gaz émis, le méthane est inflammable, comme le N2O (protoxyde d’azote) ou le NH3 (ammoniac) qui sont dans le digesteur et pollution de l’eau à travers le digestat.
Autre nuisance selon Dominique : « Quand les intrants arrivent et repartent, c’est une rotation de camions tous les sept minutes. Les routes sont inadaptées à ce tonnage et les réparations sont à la charge de la collectivité. »
Pour Jean-Marc Thomas, « il y a une vraie concurrence entre culture alimentaire et culture énergétique. Notre société privilégie l’énergie, les choses ne sont pas dans le bon ordre. Quelle visibilité ça donne pour les agriculteurs qui font de l’alimentation ! » s’insurge-t-il.
Une politique de prix de rachat inadéquate pour Régine Ferron : « C’est une production qui tient car elle est très subventionnée. Le prix de rachat est très élevé et supérieur au prix du marché. Aujourd’hui, sur le marché mondial, c’est 30 à 50 € le mégawattheure (MGH) alors que pour les agriculteurs c’est entre 120 et 180 €. Plus le méthaniseur est petit, plus c’est racheté cher. »
Enfin, Dominique a expliqué les étapes d’un recours pour s’opposer à l’installation d’un méthaniseur. Par la même occasion, elle a relevé la pression que les membres du collectif avaient subi, notamment la visite de l’unité DEMETER, la cellule de la gendarmerie qui lutte contre l’agribashing.
La suite est à retrouver dans l’Hebdo de la semaine.