Broons : Jumelage avec Neufahrn – Des échanges de mères en fille
Les deux femmes de Broons et Neufahrn sont attablées.

Ce n’est pas une actualité du comité de jumelage à proprement parler. Mais ce stage trouve son origine dans plus de cinquante ans de liens entre Broons et Neufahrn. En 1985, Yolène Sangan, alors élève au collège Jean Monnet, apprend l’allemand avec Jean-Luc Lucas, un professeur marquant pour des générations. C’est lui qui lance les échanges avec la Realschule de Neufahrn. Cette année-là, Yolène part en Bavière et est accueillie chez une certaine Helene.

Yolène se souvient : « Monsieur Lucas nous avait demandé d’écrire une belle lettre en expliquant quels étaient nos loisirs préférés. Ces lettres avaient été exposées à la Realschule. Helene m’a dit plus tard : quand j’ai vu ta lettre, j’ai trouvé que dans Yolène et Helene, il y avait des lettres identiques et ça nous ferait au moins quelques points communs ».

Voilà comment est née cette correspondance, encore d’actualité. En effet, depuis 1985, Helene et Yolène ont gardé leurs lettres en commun. Elles n’ont jamais vraiment cessé de se voir. « J’ai attendu 1988, année de ma majorité pour retourner en Bavière. Après j’y suis allée tous les ans et Helene venait me chercher avec sa Golf. Jusqu’en 1992, j’y suis retournée avec le jumelage. En 2013, Helene est venue à Broons et nous nous sommes aussi vues à Paris en 2023, au salon Vivatech », raconte Yolène.

Future professeure

Quarante ans plus tard, une nouvelle génération débarque à Broons. Sophia Schönberg vient de faire un stage au collège Jean Monnet et cette Sophia n’est autre que la fille d’Helene. À 19 ans, Sophia sait déjà parfaitement ce qu’elle veut faire de sa vie. « Je veux être professeure. J’étudie le français et l’histoire/géographie. Chez nous, on doit toujours enseigner au moins deux matières. J’aime bien la langue française et j’ai eu beaucoup d’échanges avec des Français », explique Sophia. La jeune femme est actuellement à l’université de Würzburg après avoir été au gymnasium (lycée).

Ce n’est pas la première fois qu’elle séjourne en France. « On est venu en famille en 2013 et seule en 2018. En 2022, je suis à nouveau venue chez une correspondante du gymnasium », dit-elle.

Pas de vie scolaire

Si Sophia a fait un stage à Broons, c’est de sa propre initiative. Rien ne l’y obligeait. Elle avait tout simplement envie d’être en immersion, d’améliorer encore son français qui est pourtant déjà excellent et de découvrir le monde de l’éducation française en grandeur nature. « J’ai assisté et participé à beaucoup de cours très différents comme le français, la musique, les mathématiques et l’allemand bien sûr. Je suis allée au CDI, à la vie scolaire », précise-t-elle.

Et elle a eu le temps de comparer le collège français et ce qui se passe en Bavière. « Chez nous, il n’y a pas de vie scolaire. Ce sont les professeurs qui mettent les sanctions quand il y en a besoin ». Et puis quand, en France, la question des groupes de niveaux ou des groupes de besoins crée des polémiques « chez nous, à partir de 10 ans, les enfants sont déjà séparés selon leur niveau : la realschule ou le gymnasium selon les résultats et ça ne pose pas de problème. Avant, il y avait peu de filles au gymnasium mais maintenant, il y en a un peu plus ».

Pas les mêmes congés

De même, les vacances ne sont pas réparties de la même manière. Quand elle sera entrée après le 4 avril, Sophia sera encore en vacances puisque les congés de printemps durent de fin février au 22 avril. Elle sera ensuite à l’école de fin avril à fin juillet et à nouveau en vacances en août et septembre.  Il restera deux semaines de congés pour Noël et ensuite, il faudra attendre fin février à nouveau. Sophia travaille aussi à la garderie quand elle le peut. Si tout se passe bien (et cela ne fait guère de doute), elle sera professeure en 2028. « J’aime beaucoup les enfants et ça me plaît. Mon stage au collège m’a permis de découvrir plein de choses. Tout le monde a été vraiment très gentil avec moi et j’ai été super bien reçue ici ».

Nathalie Agasucci, principale à Jean Monnet est du même avis : « C’est madame Pichard (autrefois Yolène Sangan) qui m’avait contactée pour me demander si j’accueillerais une jeune qui voulait découvrir le français et notre système éducatif. Je lui ai proposé de découvrir l’intégralité de notre établissement. Elle a également échangé avec les élèves qui sont partis en Allemagne. C’est une étudiante très sympathique, curieuse de tout. Ce fut un plaisir », assure-t-elle.

 

L’article est disponible dans l’Hebdo.