Jugon-les-Lacs : Emmanuel Bitel, résistant, fait chevalier de la Légion d’honneur
Emmanuel Bitel, résistant breton

À l’occasion du 80e anniversaire des débarquements, Emmanuel Bitel, ancien résistant, a été nommé chevalier de la Légion d’honneur. Il a reçu sa décoration le 31 janvier dernier à Saint-Brieuc. Symbole de son engagement passé et de son travail de mémoire.

Né en mars 1927, Emmanuel Bitel, grandit dans une France d’après guerre et qui va replonger dans le chaos. Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, il s’engage dans la Résistance. Il participe notamment  au ramassage de ferraille pour l’opération « L’acier victorieux ». En parallèle, il aide les réfugiés Espagnols à fuir leur pays ravagé par la guerre et tiens un rôle clé dans la transformation de l’aérodrome de Dinan en aéroport militaire.

« Nous avons pris les armes »

En juin 1940, alors que la défaite française semble inévitable, il récupère des armes et du matériel auprès de soldats français qui reviennent de Narvik. Il se souvient que « les soldats avaient reçu l’ordre de Pétain de se rendre sans combattre. Alors, nous avons pris les armes et nous sommes partis au combat. » Avec ses camarades, il pénètre dans la Kommandantur de Jugon, où ils s’emparent d’armements, y compris de l’épée de l’amiral Martin. Ils sabotent le poste émetteur et dissimulent le drapeau nazi dans la cave de l’édifice.

Dénoncé par des collaborateurs

En 1942, le résistant est dénoncé par des collaborateurs, en raison d’un différend avec son père. Accusé de vol d’armes par les occupants, il proclame avoir vu les soldats les jeter dans un étang, une version corroborée par un ami qui a été entendu en classe. Malgré son jeune âge, il continue de rassembler des armes et finit par rejoindre les Forces françaises de l’intérieur (FFI).

Le 6 août 1944, il participe à la Libération de Jugon avant l’arrivée des Américains dans l’après-midi. « Les habitants ont pu regagner leur village, menacé de destruction par les occupants », se remémore-t-il.

Le plus vieux porte-drapeau de France

Emmanuel Bitel conclut : « J’ai pris un drapeau à la mairie et j’ai été désigné porte-drapeau. Je suis toujours le plus vieux porte-drapeau français. » Aujourd’hui, il est devenu un véritable « passeur de mémoire ». Il raconte son expérience dans les écoles et collèges et par le biais de conférences.

Le jugonnais a publié un livre témoignage « Manu Bitel, du chenapan au combattant ». Il a également été engagé en tant que sapeur-pompier volontaire et moniteur de la protection civile.

Avec Joseph Salou et Jean Touilin, deux autres résistants, Emmanuel Bitel, a été décoré à Saint-Brieuc l’occasion du 80e anniversaire de la Libération. Le général de corps d’armée Philippe Renard était présent aux côtés du délégué militaire départemental, lieutenant-colonel Philippe Dupuy et de la directrice de cabinet du préfet, Émeline Barrière.

 

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L’article est à retrouver dans l’Hebdo de la semaine.