Merdrignac: Les sanctions de l’entraîneur d’athlétisme confirmées
Pendant 9 ans à Merdrignac, un entraîneur d'athlétisme a harcelé sexuellement une jeune femme.

La cour administrative d’appel de Paris vient de confirmer le 9 octobre dernier la radiation de la fédération française d’athlétisme de l’ancien entraîneur bénévole du club merdrignacien AS 22. Ce dernier faisait en effet appel de sa sanction « disproportionnée ». Pourtant, pendant 9 ans, il avait harcelé sexuellement une jeune athlète et lui avait fait subir des agissements déplacés.

Le 1er avril 2020, la jeune femme entraînée depuis l’âge de 11 ans par cet homme avait écrit à la Fédération française d’athlétisme pour signaler ces faits qu’elle estimait avoir subis « pendant neuf ans à compter de sa majorité ». Dans un premier temps, le 13 octobre 2020, les instances disciplinaires de la FFA avaient radié l’entraîneur et lui avaient interdit de prendre toute licence ou toute fonction dans un club pendant cinq ans.

Peine alourdie en appel

L’intéressé avait alors fait appel, mais la peine avait été alourdie le 22 janvier 2021. Outre une radiation et une interdiction de prendre toute licence pendant dix ans, ont été rajoutées une interdiction de toute fonction dans un club d’athlétisme et une interdiction de participer à toute manifestation sportive organisée par la FFA pendant quinze ans. La sanction avait même été assortie de la « publication nominative » de la décision au bulletin officiel de la Fédération française d’athlétisme.

L’entraîneur avait ensuite saisi le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), qui avait rendu « une proposition de conciliation » le 20 mai 2021 mais avec laquelle le coach était « en désaccord ». Il avait donc demandé au tribunal administratif de Paris d’annuler la décision des instances disciplinaires de la fédération sportive parisienne. Mais celui-ci l’avait désavoué, dans un jugement rendu le 25 mai 2023. Le coach avait donc fait une nouvelle fois appel devant la cour administrative d’appel de Paris.

Les sanctions confirmées

Dans un arrêt en date du 30 septembre 2024 qui vient d’être rendu public, la cour d’appel confirme à nouveau les sanctions. « L’organe disciplinaire d’appel de la FFA s’est fondé sur le témoignage de la jeune athlète et de l’entraîneur mais aussi sur les nombreux messages et courriers électroniques qu’elle a reçus et dont l’intéressé ne conteste pas l’authenticité. » La cour d’appel poursuit : « Est sans influence la circonstance selon laquelle à compter de septembre 2019, il n’était plus l’entraîneur de la jeune femme qui avait arrêté l’athlétisme. »

2 346 mails et une « connotation sexuelle manifeste »

En neuf ans, l’entraîneur a adressé « 2 346 courriers électroniques, des lettres manuscrites et des messages téléphoniques » à la plaignante. La cour administrative d’appel de Paris considère qu’il a « entretenu avec elle une relation épistolaire d’une teneur étrangère à l’entraînement sportif ». « Ceux-ci abordaient de façon récurrente les thématiques de la sexualité, du rapport au corps et de la nudité. Certains courriers étaient accompagnés de photos érotiques. » La « connotation sexuelle » de plusieurs messages est ainsi « manifeste ».

Surtout, « l’entraîneur exerçait un contrôle sur les relations amicales et amoureuses de l’intéressée, en menaçant par exemple de ne pas l’entraîner si elle était sortie la veille et en lui posant de nombreuses questions sur sa vie privée et intime », soulignent les juges parisiens. « Par ailleurs, il reconnaît avoir amené sa victime sur une plage nudiste au prétexte d’un entraînement, et s’être déshabillé devant elle et lui avoir conseillé de faire de même, se contentant de dire que l’intéressée était majeure et pouvait refuser. »

Une « atteinte aux valeurs morales »

L’entraîneur « ne conteste pas non plus sérieusement » d’avoir « demandé à la jeune athlète de se dévêtir pour la masser, ni les nombreux contacts physiques établis lors des séances d’entraînement où ils étaient seuls ».

« Compte tenu de son jeune âge et de la confiance qu’elle avait placée dans son entraîneur qu’elle connaissait depuis l’âge de 11 ans et qui avait 34 ans de plus qu’elle et des liens que celui-ci entretenait avec les parents de la jeune femme, l’intéressé étant presque considéré comme « un membre de la famille », il ne peut pas utilement se prévaloir de ce qu’elle n’aurait pas protesté ou réagi », estiment donc les magistrats.

Ce « harcèlement » portait « atteinte aux valeurs morales, éthiques et éducatives » et « en dépit de ses qualités d’entraîneur attestées par plusieurs témoignages », la sanction qui lui a été infligée n’avait rien de « disproportionné ». La publication de son nom dans le bulletin de la Fédération française d’athlétisme se justifiait également par « la gravité des faits » et par « la nécessité d’assurer l’effectivité de la sanction ».

« La circonstance que cette publication porterait atteinte à sa réputation n’est pas de nature à la faire regarder comme entachée d’une erreur d’appréciation », conclut la cour administrative d’appel de Paris, qui a condamné le coach au passage à verser 2 000 € de frais d’avocat à la FFA.

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