Merdrignac: Des victimes malades des pesticides témoignent
Le collectif des victimes de pesticides de l’Ouest accompagne les personnes malades des pesticides et leurs familles.

Fin septembre, le collectif des victimes de pesticides de l’Ouest organisait son premier pique-nique à Merdrignac, au Val de Landrouët (photo). Fondé en avril 2015 en soutien aux ex-salariés de Triskalia du Pays de Rennes, le collectif  rappelle que les pesticides ont investi le monde entier et que la France fait  partie des trois pays européens qui en autorisent le plus. Dans le sol, dans l’air, dans l’eau, dans les fruits et légumes, le vin, le miel, les pots pour bébés et même dans l’urine et les cheveux, les pesticides sont omniprésents dans nos vies.

« Toute notre vie, on a travaillé sans aucune protection. On ne savait pas que vivions avec du poison dans nos fermes. J’estime qu’on nous a roulé dans la farine et je me sens punie car les fabricants et les vendeurs de pesticides savaient bien » soupire Claudine de Merdrignac, atteinte de la maladie de Parkinson depuis 2016. Cette ancienne agricultrice installée de 1975 à 2018 en porc, lait et race bovine, a manipulé et touché pendant des décennies des dizaines de produits toxiques « dont les odeurs prenaient à la gorge ». Aérosols, fongicides, herbicides, insecticides, solvants… faisaient partie de son quotidien. Tout comme Claude , autre agriculteur merdrignacien en porc et lait de 1980 à 2003, tombé malade il y a un an et demi, soit des années après avoir utilisé massivement ces produits sans jamais se méfier « faute d’informations sur leur dangerosité ». Claudine et Claude suivent aujourd’hui des traitements lourds qui permettent de freiner la maladie de Parkinson mais ne l’enrayent pas. Claude est suivi en kiné pour ses soucis d’équilibre et de mobilité et avec une orthophoniste il travaille son élocution.

Mettre des mots

C’est en discutant avec Serge Lemaître, un « observateur de la nature depuis 50 ans » et président de l’association Sauvegarde de la vallée du Meu à Trémorel que Claudine apprend l’existence du Collectif victimepesticide-ouest.ecosolidaire.fr. L’association qui défend la qualité de l’air et de l’eau est elle même adhérente à ce collectif qui aide entre autres les personnes malades des pesticides à obtenir réparation des préjudices subis. « Face aux tremblements, les premiers symptômes, le regard des autres sur moi me dérangeait. Rejoindre le collectif m’a permis de mettre des mots sur ce que je vivais » relate-t-elle.

Aujourd’hui, son taux d’incapacité professionnelle est de 35 % « au lieu de 70 % » sachant qu’en 2030, il lui faudra tout de même refaire un dossier « qui traînera encore sur les bureaux de la sécurité sociale des exploitants agricoles. On sent bien qu’il y a une opposition à l’indemnisation. Serions-nous si nombreux à être touchés ? » se demande-t-elle. Effectivement, selon l’Atlas des pesticides 2023, environ 385 millions de cas d’empoisonnement sont recensés chaque année dans le monde.  Le Sud global est au premier rang des victimes en raison d’une législation moins regardante. C’est un marché très lucratif pour les 4 entreprises qui se partagent 70 % du marché mondial.

Des cas partout en Bretagne

En France, le nord, la région parisienne, le bordelais et le sud-est sont les régions les plus impactées. Toutefois, la Bretagne n’est pas en reste. Le collectif recense des centaines de cas dans tous les départements aussi bien chez les paysans que chez les riverains  et salariés du monde agricole. Autour de Merdrignac, des dizaines de cas sont recensés à Trémorel, Broons, Yvignac la Tour, Caulnes, Gaël, Saint Méen le Grand, Pleumeleuc, Mauron, Guilliers, Mohon…

 

ARTICLE COMPLET PARU EN PAGE 2 DANS NOTRE EDITION DU 28 SEPTEMBRE 2024.