Il est déjà très surprenant qu’une commune de la taille de Lanrelas possède une piscine à elle seule. Plus surprenant encore, ce bassin a une histoire peu ordinaire et possède de nombreuses particularités.
Martine Josselin , de l’association Daoudour, a joué les Sherlock Holmes pour rassembler des informations sur l’origine de cette piscine. Elle précise tout d’abord qu’avant la création de ce bassin, il existait, dans la Rance, un trou d’environ sept mètres de profondeur. « Ce trou qui s’appelait la Gove avait été formé peu à peu par les remous de la Rance. Les plongeurs les plus téméraires aimaient y sauter. Il faut dire que dans les années 30, la France était très en retard sur le plan de la natation ».
Des pelletées qui retournent à l’expéditeur
Comme les locaux, les occupants allemands se baignent dans la Gove. Mais le culte aryen d’un corps puissant sculpté par l’effort et l’endurance faisait probablement que ce trou d’eau n’était pas considéré comme un endroit digne de leurs prétentions. Ils décident donc de creuser un bassin. Ou plus précisément de faire creuser un trou sans doute parce que des Aryens ne sont pas faits pour ces basses besognes. Et qui creusera ? Ben voyons, les locaux de l’étape !
C’est celui qui l ‘a dit qu’il y est !
L’idée des Allemands de faire une piscine à Lanrelas était peut-être bien une excellente idée finalement. En tout cas, une fois le territoire libéré, retour de bâton. Ce sont les prisonniers allemands qui sont sommés de piocher. La diorite est toujours aussi dure pourtant le chantier avance plus vite. Les Allemands seraient-ils plus efficaces que les Français ? « Ils étaient surtout étroitement surveillés et pas question de laisser les pelletées de terre revenir à leur place », dit encore Martine.
Un maître nageur ne sachant pas nager doit…
À cette époque, on apprenait à nager au bout d’une corde et les premiers surveillants de baignade qui faisaient office de maîtres nageurs n’étaient pas vraiment des champions olympiques de natation. « Monsieur Lebranchu qui était aussi facteur surveillait le bassin sans savoir nager. Monsieur Trinca qui lui a succédé avait des séquelles de la guerre et il avait une jambe raide », assure Martine. Pas génial pour nager ! Les nageurs du cercle Paul Bert de Rennes venaient s’entraîner à Lanrelas, moins loin que Saint-Brieuc. Au début de l’existence de ce bassin, Lanrelas possédait une équipe officieuse de natation. Seulement voilà, le temps passe, les temps changent, la piscine entre dans une ère de décadence. Dans les années de 1965 à 1972, elle est totalement oubliée. Elle est fermée et on passe à autre chose.
Merci les J.O.
Peut-être sont-ce les jeux olympiques qui contribuent à la renaissance du bassin. « Lors des JO de 1968, l’équipe de France de natation est la honte de la France. Joseph Comiti, secrétaire d’État à la jeunesse et aux sports lance le plan 1000 piscines pour lutter contre une série de noyades dans le pays ». À Lanrelas, René Lemarchand, alors maire de la commune et commissaire de police inscrit son village dans le plan gouvernemental. Avec son épouse, il vide le bassin de toutes les saletés qui l’ont peu à peu comblé. En 1977, la piscine rouvre avec un local technique et des WC flambant neufs. Aujourd’hui, elle fonctionne toujours l’été et l’entrée est gratuite.