Réouverture de la ligne ferroviaire Mauron-Rennes: Un rêve ou bientôt une réalité ?

« Ça va se faire ou pas ? » C’est la question la plus posée lors de la deuxième réunion publique organisée par l’association Rennes Mauron en train (RMET). Ce groupement d’habitants est rassemblé autour d’Eric Josse, ancien cadre de SNCF, qui depuis plus de deux ans est lancé dans le projet de la réhabilitation du chemin de fer entre Mauron et la Brohinière.

Ce collectif de citoyens, devenu une association, a proposé une réunion au printemps dernier à Gaël, avec 140 participants, puis à Mauron début décembre avec quelque 300 participants. Une 3e réunion est prévue en février à Saint-Méen Le Grand. En attendant, des membres de l’association  ont été reçus par Yves Chasles, maire de Mauron. « Je suis très content d’accueillir Eric et son équipe. C’est une association qui s’est investie dans ce projet avec beaucoup de cohérence. La présentation proposée est très technique, très réaliste, c’est un vrai soutien technique pour les décideurs. Ce projet s’inscrit bien dans le projet de la Région Bretagne ».

Avant de commencer la présentation technique de ce projet, Eric Josse a confié avoir un rêve, assister au retour du trafic sur la ligne ferroviaire qu’il a vu vivre dans son enfance grâce aux trains de passagers et de marchandises. Cette proximité avec l’univers du chemin de fer a  été à l’origine de sa passion et de son métier de cheminot. Lui-même a conduit un train de marchandises sur cette ligne, « un train avec juste quatre wagons, on s’arrêtait pour abaisser la barrière du passage, c’était un autre temps ».

Fermée il y a plus de 30 ans

Cette ligne a été définitivement fermée au milieu des années 1990. « Le fret a connu son apogée en 1975, et à partir de cette date on a assisté à un  long déclin. Sommes-nous au fond du trou ? J’espère, car le projet est de doubler le fret dans les 10 ans à venir, c’est à dire passer de 9% à seulement 18% au niveau national. On est loin de 50% des années 1970 », a-t-il informé.

A ce rendez-vous, a participé Christian Perrocheau, ancien maire de Mauron qui en 2013, déjà, croyait en fiabilité économique des trains. A l’époque, il s’agissait d’un projet de transport des marchandises via le fer. La voie ferroviaire de la Brohinière vers Mauron a été restaurée sur une longueur de 19,2 km. Pour arriver à Mauron, il restait 800 mètres à rénover. Les rails, à présent rouillés, attendent toujours près de l’ancienne gare de Mauron à être repositionnés.

Pourquoi ce projet n’a t’-il pas abouti ?

« Depuis les années 2005 le déclin du fret ferroviaire s’accentue d’année en année et n’est que de 1 %  en Bretagne. A partir de  2010, la politique nationale du fret a changé et s’est durcie. Par exemple, l’entreprise Easydis de Gaël a utilisé le chemin de fer rénové, puis on lui a demandé de remplir au minimum dix wagons pour que le train soit rentable. A la suite de ces exigences,  beaucoup d’entreprises se sont détournées du fret ferroviaire »,  explique Eric Josse.

Le projet actuel vise la mobilité des citoyens, le développement du territoire grâce aux  déplacements des habitants vers Rennes, et entre les communes du secteur. « Nous avons fait des sondages dans les gares à Quédillac, Caulnes et Montauban de Bretagne. Les usagers qui prennent le train de ces gares viennent de notre territoire, donc s’ils prennent le train dans ces gares, ils le prendront à Mauron, Gaël ou Saint-Méen le Grand » assure l’ancien fonctionnaire de SNCF. « Et si nous arrivons à proposer les billets à des prix abordables, avec un service adapté aux besoins de la population, il n’y a pas de raison que les gens ne prennent pas ces trains ».

Pour ce faire il faut moderniser le carrefour ferroviaire de la Brohinière, installer la signalisation, et créer les trois arrêts : à Mauron,  à Gaël et à Saint-Méen Le Grand. L’espoir d’un avenir tourné vers les chemins de fer est réel car « les petites lignes seront maintenues et modernisées selon la direction de SNCF, et que désormais tout dépend de la politique gouvernementale ».