Sortir pour « se faire une toile » est un loisir qui visiblement a moins la cote. Les grands complexes de cinéma comme les salles plus modestes sont tous touchés. La Covid est passée par là. A Merdrignac, le cinéma local associatif le Studio n’échappe pas à cette pénurie de spectateurs.
« Avant la pandémie, nous totalisions quelque 7000 entrées par an, cette année, nous arrivons péniblement à 4000 entrées » constate Hubert Chevalier, président de l’association du patronage St Michel. Pour autant, la trentaine de bénévoles qui s’implique chaque semaine pour tenir les permanences lors six projections de films récents proposés hebdomadairement, reste mobilisée. « C’est une chance et un atout culturel de pouvoir avoir, à portée de main, un cinéma associatif dans une commune rurale de 3 000 habitants » note le président. « Les bénévoles essayent et s’efforcent de faire perdurer cet atout majeur pour la commune mais se sentent impuissants face au manque de spectateurs » regrette t’il.
Les séances ne font plus le plein
Par exemple, le 3 novembre dernier, le cinéma proposait en avant-première le second long métrage de Mélanie Auffret « Les Petites victoires » avec Michel Blanc et Julia Piaton dont la sortie nationale est prévue le 1er mars 2023. Ce film magnifique tourné en Bretagne, pleins d’émotions et de sensibilité, qui raconte la dure réalité des villages ruraux, n’a rassemblé qu’une quarantaine de cinéphiles (dont nombre de bénévoles).
Autre exemple, la soirée Halloween, tant attendue des jeunes, n’a pas fait le plein cette année, alors que les réservations étaient auparavant bouclées quinze jours avant le jour J. « Bien que le cinéma pratique des prix attractifs, organise des évènements ponctuels pour toutes les catégories d’âge, le manque de spectateurs provoquera malheureusement, à long terme, un déclin fatal de ce lieu culturel. ».
Venir deux à trois fois par an
Côté chiffres en effet, les coûts fixes du cinéma sont estimés à 1 000 € par mois (hotline, assurances et frais divers). De plus, une fois que distributeur et diffuseur ont prélevé leur cote part, seuls 47 % du prix des entrées reviennent à l’association. Le budget est donc serré, même sans charge salariale.
Sachant que quelque 300 000 € ont été consacrés aux investissements depuis 20 ans, le passif se creuse et les réserves financières ne sont pas inépuisables. « Il suffirait que le public du secteur vienne deux à trois fois par an, et l’avenir du cinéma serait largement pérennisé » espère Hubert Chevalier, qui est parfois fatigué d’entendre des remarques de personnes qui ne fréquentent jamais la salle, clamer haut et fort « c’est bien qu’il y ait un cinéma local, continuez… » .
Cessons donc d’être des figurants, soyons acteurs de ce cinéma de proximité, il en va de son avenir.
A Merdrignac, le cinéma a besoin de spectateurs - REGION BRETAGNE
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