Christian, le boulanger de la commune qui tient l’unique commerce du bourg l’a vraiment très amère. Son four à bois et son fournil ne lui permettent même plus de gagner sa croûte. C’est décidément un très mauvais épisode de la série « Je veux un commerce local dans ma commune ».
Les figurants de ce genre de films sont toujours les mêmes: des citoyens de base et des élus qui veulent un bourg vivant, un commerce local ouvert le plus possible mais qui s’échappent de leur village pour faire la moindre course. Les rangs des clients se sont éclaircis ces derniers temps à la boulangerie de Christian. « Le mardi et le jeudi, j’ai une vingtaine clients à passer maximum. Les générations d’avant, celles qui venaient facilement au commerce du coin ne sont plus là. On a commencé à vraiment sentir la baisse vers mai-juin. Normalement, à cette période, ça part fort. Cette année, ça n’a pas été le cas », regrette le commerçant.
Il y a un os dans la baguette
Cela fera dix ans en janvier prochain que ce boulanger de père en fils a repris la boulangerie de Trédias, seul et unique commerce de ce petit bourg de campagne, à quelques encablures de Broons. Du pain cuit au feu de bois, on n’en trouve pas tant que ça dans le secteur. Des tas de consommateurs vous diront qu’il n’y a rien de meilleur. Mais pour autant, tout le monde va ailleurs. Et des brioches qui fondent dans la bouche. Tout cela ne suffirait donc pas à faire la différence ? « Le prix de la matière, la farine donc, n’arrête pas d’augmenter. Et le beurre aussi. Pour quelles raisons ? On n’en sait trop rien. Voilà un moment que je n’ai pas augmenté le prix du pain », dit encore Christian. Et là, il y a forcément un os dans la baguette car quand tout augmente, le seul qui n’augmente pas se retrouve en difficulté. Et malgré ça, le client potentiel n’ouvre pas ou ne veut pas ouvrir les yeux.
Travail provisoire à Collinée
Christian ne veut pas citer de noms mais « je connais plusieurs personnes de Trédias qui vont acheter leur pain à Languédias et même pas chez le boulanger, non, au dépôt de pain. Même les associations de la commune ne jouent pas le jeu. Alors, forcément, dans ces conditions, comment s’en sortir ? ». Le boulanger reconnaît qu’il a quelques bons clients fidèles. Il avait aussi de bons clients sur le marché de Broons, des personnes qui venaient chaque mercredi, qui commandaient leur pain pour être sûres d’en avoir. Chaque semaine, il repartait totalement à vide avec sa petite remorque et souvent bien avant la fin du marché.
Il a prévenu ses clients : pour le moment, terminé le pain au feu de bois de Trédias. Provisoirement, il va travailler chaque matin à Collinée à la boulangerie de sa fille et son gendre car leur boulanger s’est fait opérer et il est en arrêt de travail. « Au moins, pendant ce temps-là, je peux me faire un salaire. Et en plus, je ramène un peu de pain que je vends après ma journée pour arranger des clients ».
Bonjour la reconnaissance
Christian se rappelle aussi que pendant plusieurs années, il a fait des tournées dans la campagne pour servir les personnes un peu loin de tout. Mais vu le prix des carburants et de tout le reste, il a été obligé d’arrêter. « Les gens que j’ai servis pendant ces années-là vont désormais chercher du pain eux-mêmes, mais pas ici ». Bonjour la reconnaissance ! Il ne faut pas oublier que longtemps, à Trédias, il y a eu la grande fournée de la fête du cochon avec randonnée et repas. Et qui faisait le pain et les brioches à votre avis ?
Alors, quel avenir pour le boulanger de Trédias et pour les amateurs de bon pain. No future ? La boulangerie va-t-elle fermer pour de bon ? Si tel devait être le cas, on peut parier que celles et ceux qui n’y ont jamais mis les pieds seraient les premiers à verser des larmes de crocodile.
Le boulanger, à sa demande a rencontré récemment des élus communaux. Une solution va-t-elle émerger de cette rencontre ? Affaire à suivre.

A Trédias, près de Broons, le fournil du bourg va-t-il rester froid ? - REGION BRETAGNE
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