Encore plus en danger pendant le confinement : Ne pas oublier les femmes victimes de violences

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Le confinement à domicile est un terreau pour les violences conjugales et intrafamiliales. En vase clos, un homme violent risque de le devenir encore plus. Marlène Schiappa, secrétaire d’état à l’égalité entre les femmes et les hommes, et à la lutte contre les discriminations, et Elena Bonetti, ministre italienne pour l’égalité des chances et de la famille, échangent régulièrement à ce sujet. Les deux femmes dressent le même constat alarmant : « une baisse drastique du volume d’appels des femmes aux numéros d’écoute. » Information confirmée par le ministère de l’intérieur qui avance une hausse des interventions des forces en zone gendarmerie de 32 % (+36 % à Paris).

En France, le numéro d’écoute 3919 connait une forte baisse du volume d’appels depuis le début du confinement avec 100 appels par jour contre 400 habituellement avant. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il y a moins de violence ; les femmes concernées ont encore moins de liberté dont celle de pouvoir alerter. Il est nécessaire de savoir que des dispositifs d’urgence existent.

Maintien des moyens

Marlène Schiappa a donc demandé «  département par département aux services des droits des femmes en préfectures des remontées sur la situation des centres, leur équipement, la mise en œuvre des mesures barrières, et l’organisation de « l’école à la maison » pour les enfants hébergés avec leurs mères. L’accueil de nouvelles victimes doit par ailleurs se poursuivre.»

Les moyens pour dénoncer les agresseurs sont maintenus : numéros d’écoute, plateformes gouvernementales gérées par la police et la gendarmerie, accompagnement dans les hébergements d’urgence, et maintien des procès au pénal contre les agresseurs. La secrétaire d’état rappelle par ailleurs à tous les professionnels que « l’éviction du conjoint violent doit être la règle. »

Un dispositif d’alerte en pharmacie

En parallèle avec le prolongement du confinement et en accord avec l’Ordre national des pharmaciens, un nouveau plan d’aide aux victimes vient d’être  instauré par le biais des pharmacies, commerces autorisés à rester ouvert. Les officines sont appelées à servir de relais. Deux cas de figure sont possibles : la victime est seule et informe directement le professionnel qui se charge dans la foulée de contacter la gendarmerie ou la police ; la victime accompagnée de son conjoint violent  est invitée à glisser le code secret (à l’oral ou à l’écrit) « masque 19 » ce qui correspond à une alerte sérieuse. Là aussi, le professionnel préviendra immédiatement. Malgré tout, un code gestuel serait peut-être plus simple à mettre en œuvre étant bien plus discret.

Qui contacter ?

D’autres moyens restent en œuvre pour protéger les victimes et leurs enfants. Il faut appeler le 17 ou le 112 en cas de violence et d’urgence ; la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr accessible 24/24 et 7j/7 permet de dialoguer avec des forces de l’ordre formées aux violences sexistes et sexuelles de manière anonyme et sécurisée. Celle-ci a déjà donné lieu à plus de 7 000 échanges et 2 000 enquêtes. Le 3919, numéro d’écoute (mais pas d’urgence) voit son activité maintenue du lundi au vendredi de 9h à 19h. Les écoutantes confinées se sont vu attribuer un téléphone portable adéquat et du matériel informatique afin de mettre en place une écoute à distance. Pour un hébergement d’urgence, il faut contacter le 115.

Depuis le 1er avril, le 114, un numéro d’urgence par SMS, permet à toutes les victimes de violences conjugales et intrafamiliales,  d’alerter la gendarmerie, la police, les pompiers et le SAMU jusqu’à la fin du confinement. Une fois le SMS reçu, les opérateurs sont chargés de prévenir les forces de l’ordre. Afin que ces dernières puissent intervenir, il ne faut pas oublier de transmettre l’adresse de la victime.

Les CIDFF (centres d’information sur les droits des femmes et des familles) maintiennent aussi une permanence téléphonique, mais uniquement pour  de l’information juridique. Contacts : Côtes d’Armor : 02 96 78 47 82 (9h-12h30 / 13h30-17h du lundi au vendredi),  laisser  ses coordonnées à la chargée d’accueil, une juriste vous recontactera ; Ille et Vilaine : accueil téléphonique de 9h à 12h au 06 84 59 78 75 ou par mail de 9h à 17h au cidf35.secretariat@orange.fr  en précisant le motif de votre demande dans le domaine juridique ; Morbihan : 02.97.63.52.36 du lundi au vendredi de 9h à 12h30.

Pour les enfants victimes de violences psychologiques, physiques et sexuelles, appeler le 119, un numéro national ouvert 7j/7 et 24h/24. Info précieuse : le 119 n’apparaît jamais sur le relevé de téléphone.

Pilule et IVG

Depuis le 15 mars dernier, toutes les femmes qui le souhaitent ont accès à la pilule contraceptive directement en pharmacie, sans passer par un médecin mais en étant en possession d’une ancienne ordonnance. La contraception d’urgence est également disponible sans ordonnance. Les médecins en ville et les sages-femmes sont autorisés à conseiller sur les questions de contraception. Ces mêmes professionnels conventionnés avec un établissement de santé sont habilités à réaliser des IVG médicamenteuses sans passer par l’hôpital.

Depuis le 19 mars, les sages-femmes peuvent désormais comme les médecins, pratiquer des consultations à distance.

Contrairement à certains des états des Etats-Unis, « les interruptions de grossesse sont  bien entendu toujours considérées comme des interventions urgentes » réaffirment Marlène Schiappa et Olivier Veran, ministre de la santé. Enfin, le planning familial maintient son numéro vert : 0800 08 11 11.

En cette période de confinement prolongé, le droit des femmes, de toutes les femmes, à disposer de leur corps est plus que jamais primordial.