Dans le cadre de l’opération Bienvenue dans mon jardin au naturel en Bretagne, les Jardins de la Peignie à Ménéac feront partie des 170 lieux à ouvrir les portes ce week-end. Ici, la rose ancienne est reine et cohabite à merveille avec des arbres de collection. Depuis trente ans, la terre n’a jamais vu quelque produit que ce soit et se veut généreuse.
A Ménéac, Dominique Collet des Jardins de la Peignie, n’a pas attendu la loi Labbé pour jardiner au naturel.Ce matin là, le sol est encore tout mouillé des pluies de la nuit. Sous le soleil, les gouttes font briller les fleurs. Certaines penchent pour mieux résister à ce poids. D’autres exhalent leur doux parfum qui vient subrepticement vous chatouiller les narines. Il suffit d’un regard pour comprendre que vous êtes ici, au paradis de la rose. Il y en a des milliers, partout, de toutes les formes, de toutes les couleurs, de toutes les tailles. Qu’elles soient buissons, lianes ou grimpants, toutes vivent en symbiose avec la nature environnante.
«Avant d’être une association, les Jardins de la Peignie étaient jusqu’en 2017 une pépinière spécialisée dans la rose ancienne. Il y a 450 variétés plantées aux côtés d’arbustes et arbres de collection. Nous avions une production de 2 000 rosiers par an » explique Dominique Collet, propriétaire des lieux.
De l’Allemagne à Ménéac
Ce projet est né de son imagination et de celle de Chris Huck, sa compagne partie trop vite, emportée par la maladie en juin 2016. Les deux pépiniéristes passionnées venaient à l’époque de suivre une formation de trois ans en Allemagne, le pays d’origine de Chris. Elles cherchent alors un coin de terre, et s’installent à Ménéac en septembre 1991. « Au départ, le champ d’1,6 ha attenant à la maison était planté de maïs sous bâche. Après la récolte, peu outillées, on l’a travaillé au motoculteur et créé des allées droites à la ficelle et au bâton car on voulait planter dès l’hiver les premiers rosiers pieds mères et des fruitiers. Pour ne pas à avoir à entretenir le reste de la parcelle, un agriculteur est venu planter des petits pois.» La transformation du champ en jardin allait s’engager pour ne plus jamais s’arrêter. Les aménagements paysagers et roseraies trouvent petit à petit leur place et en 2002, un nouveau jardin de 3 000 m2 est crée. Les deux femmes œuvraient jusqu’à 70 h par semaine chacune.

Encore aujourd’hui, Dominique aménage de nouveaux espaces à l’instar de la grande pelouse qui accueille des œuvres d’art comme les oiseaux de métal du plasticien finistérien Mich Mao en place jusqu’ au 29 juin. Sans jamais utiliser le moindre produit chimique car elle n’avait pas attendu la loi Labbé qui interdit depuis 2017 l’utilisation des pesticides par les collectivités, une réglementation élargie au 1er janvier dernier aux jardiniers amateurs. « Le jardin naturel a toujours fait partie de nous. Ne pas traiter renforce la protection naturelle de la plante. Il n’y a aucun engrais si ce n’est le compost fait maison. »
Pas de taille de rosiers à l’automne
Toutes les parties nues sont paillées d’écorce ou plantées d’un engrais vert, la phacélie, plante mellifère qui attire les abeilles et enrichit les sols. Une réserve d’eau, installée au fond du jardin, permet d’arroser à moindre coût. Au potager, les pièges à limaces en terre cuite sont remplis de bière, pas un granulé bleu ne traîne au sol.
En cas de maladie, le seul remède est d’agir vite. « Avec un sécateur, il suffit de tailler la partie malade jusqu’au bois sain. Si on fait attention à ne pas ne pas jeter la taille sur le compost et si les outils sont bien nettoyés avec de l’alcool à brûler, eau de javel ou le tord-boyau du pépé, il n’y aura pas de souci » explique Dominique. Concernant la taille du rosier à proprement parler, une seule suffit en février-mars. « Ce n’est pas nécessaire à l’automne. »
Le paradis des animaux
A l’heure où les campagnes ont perdu presque la moitié de leurs oiseaux, à la Peignie, à Ménéac, ils sont bien présents, tout comme les hérissons, les amphibiens, les écureuils, les insectes et les rapaces tels le hibou. « Moins vous traitez, plus vous aurez d’animaux à se plaire au jardin.» Même Canaille, le chien, est heureux comme un pape. Ici, la vie se déroule au rythme du soleil. « Je me lève au chant du coq et me couche avec les poules » prévient Dominique qui aujourd’hui, a repris un travail salarié comme auxiliaire ambulancière chez les transports Ferron.
Depuis que Les Jardins de la Peignie se sont mués en association, Dominique peut compter sur le soutien d’une quarantaine de membres qui régulièrement viennent donner un coup de main au jardin. Leur seul outil est l’huile de coude. Et il en faut vu la surface des lieux ! Cette présence fait chaud au cœur de la maîtresse des lieux qui avait eu à moment donné, « envie de tout plaquer et de partir » au décès de sa moitié. Monter une association afin d’ouvrir plus largement le jardin faisait aussi partie des projets communs des deux femmes, voilà pourquoi elle est restée et continue de faire vivre ce bel espace « en souvenir de Chris qui nous regarde de son œil moqueur, rieur et bienveillant. » En 2018, le tout premier concours d’épouvantails organisé au jardin allait redonner le sourire à Dominique. En depuis cette année, les animations (lecture théâtralisée, repas mexicains, ateliers d’écriture…) poussent comme des champignons, faisant rayonner un peu plus ce jardin doux et reposant.
Afin de le découvrir, plusieurs rendez-vous sont à venir : ce samedi 15 juin, à 17h : vernissage des sculptures de Mich Mao en présence de l’artiste ; week-end des 15 et 16 juin : Bienvenue au jardin et installation du 2ème concours d’épouvantails ; samedi 29 juin, de 14h à 17h : création d’instruments de musique avec des végétaux, remise des prix du concours d’épouvantails. A 17h, intermède musical par la chorale Femmes en Mené ; vendredi 26 juillet 18 h : visite commentée du jardin, possibilité de pique-niquer sur place avant le concert de musique tzigane à 21 h animé par Cheval Bijou.
Contact : Les Jardins de la Peignie, la Peignie, 56 490 Ménéac. Tél : 02 97 93 36 12. Mail : lesjardinsdelapeignie@gmail.com
Delphine Jeannest
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